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Rootedness and Acculturation Experiences from German Immigrant Communities in the USA, 1883-1918
Dirigé par Tristan Coignard (Bordeaux-Montaigne, UR Plurielles), Pierre-Yves Modicom (Jean Moulin Lyon III, Centre d’Études Linguistiques : Corpus, discours et sociétés)
Parution aux éditions [transcript] Verlag, sous la direction de Tristan Coignard et Pierre-Yves Modicom, de l'ouvrage collectif "Rootedness and Acculturation Experiences from German Immigrant Communities in the USA, 1883-1918".
Tristan Coignard, Pierre-Yves Modicom (eds.) / Rootedness and Acculturation: Experiences from German Immigrant Communities in the USA, 1883-1918 / [transcript], August 2024 / ISBN 978-3-8376-7359-3 / 216 p.
Le présent ouvrage est issu du tout premier colloque consacré aux minorités d’origine germanophone aux États-Unis d’Amérique, financé par l’IUF, en octobre 2021. 25 % de la population états-unienne dit relever de cette catégorie, avec des pics à plus de 40 % dans le Midwest. Cela fait de l’origine germanophone la première « ethnicité » européenne revendiquée par la population états-unienne aujourd’hui encore. L’ouvrage réunit des contributions d’historiens et de sociolinguistes, rattachés à des départements d’histoire, de germanistique et d’études anglophones en France, en Allemagne et aux États-Unis. Il apporte un regard neuf sur une période critique dans l’histoire d’un groupe linguistique à la fois méconnu et incontournable dans l’histoire culturelle des États-Unis d’Amérique.
1883, année du bicentenaire de la fondation de Germantown (Pennsylvanie, aujourd’hui un district de Philadelphie), fut un point d’orgue des célébrations de l’identité germano-américaine en même temps que le signe d’un passage de relais, avec la fin des clivages liés à l’immigration des révolutionnaires de 1848 et à la guerre de Sécession (les « Quarante-huitards » allemands ayant joué un rôle majeur dans l’organisation du camp abolitionniste). Ce passage de relai a vite pris l’apparence d’une crise nourrie par l’unification allemande autour de la Prusse, qui conduit à poser la question de la loyauté que les Germano-Américains doivent ou non à un état européen précis, susceptible par exemple d’appeler sous les drapeaux celles et ceux nés sur le territoire dorénavant allemand avant d’émigrer aux USA, dont ils sont par ailleurs citoyens. Le positionnement complexe des milieux catholiques vis-à-vis du nouvel état, mais aussi les attitudes ambivalentes vis-à-vis de communautés rurales anabaptistes émigrées antérieurement, achèvent de questionner l’identité germano-américaine, qui devient dès lors un enjeu de batailles politiques, diplomatiques, économiques et religieuses se cristallisant autour de quelques questions, notamment la prohibition, la conscription et la langue. L’arc ouvert en 1883 est refermé au lendemain de la Première Guerre mondiale et questionne la réalité de la césure que représenterait l’entrée en guerre des États-Unis en 1917.
L’originalité de l’ouvrage tient au croisement de disciplines différentes pour tenter de cerner le rapport des Germano-Américains à des racines « allemandes » aux contours peu évidents. Ces méthodes incluent l’étude statistique des recensements états-uniens sur la période, l’analyse d’égo-documents et de sources administratives pour retracer des trajectoires individuelles et collectives ballottées entre plusieurs loyautés. Le dernier temps de l’ouvrage est consacré à l’historiographie de la période, qui remplit elle-même des fonctions politiques et identitaires, dès la période concernée et ensuite au fil du 20e siècle – un développement ultérieur étroitement associé à la trajectoire scientifique du sociolinguiste Heinz Kloss, retracée dans deux contributions.
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